Par Fanny Rigoni Bertrand
En 2011, un puissant soulèvement de la population syrienne contre le régime autoritaire de Bachar Al-Assad, au pouvoir depuis 2000, se déclenche. C’est le moment des Printemps arabes, période pendant laquelle des mouvements de contestation ont lieu dans plusieurs États autoritaires au Moyen-Orient et au Maghreb. En Syrie, le régime réprime violemment les manifestations pacifiques. Cela entraîne encore plus de contestations et de répression.
Des militaires basculent dans l’opposition et créent l’Armée syrienne libre qui devient la principale composante de la rébellion. Le pays bascule dans la guerre civile entre le régime d’Al-Assad et les rebelles. Parmi eux, se trouvent des démocrates, des groupes islamistes radicaux et des minorités religieuses et ethniques, telles que les Kurdes.
En 2013, le territoire syrien est morcelé, sous le contrôle de différents groupes. En 2014, l’Organisation État islamique (Daech) proclame un califat comprenant l’Irak et la Syrie, territoire depuis lequel les djihadistes organisent des attentats en Occident.
Selon l’ONU, le régime syrien a fait usage d’armes chimiques contre des populations civiles. Depuis le début de la guerre, plus de 7,2 millions de Syriens ont été déplacés à l’intérieur du pays et au moins 6 millions ont fui à l’étranger (principalement dans les pays voisins).
Chute de Bachar Al-Assad
Le 8 décembre 2024, HTC réussit à prendre la ville d’Alep et de Hama et continue d’avancer vers la capitale. Bachar Al-Assad est contraint de fuir le pays et se réfugie en Russie. HTC développe une stratégie pour redorer son image.
La progression de l’Organisation de l’État islamique entraîne certaines puissances étrangères à s’engager dans le conflit. Une coalition internationale menée par les États-Unis voit le jour, en même temps que la Russie, l’Iran et le Hezbollah libanais soutiennent le régime de Bachar Al- Assad. Éclatent ainsi de nombreuses batailles sanglantes et des grandes villes syriennes passent d’un camp à l’autre.
Dans les régions qu’il gère, le groupe pourchasse ses rivaux de l’État islamique et d’Al-Qaida et instaure une gestion moins autoritaire que dans celles occupées par d’autres groupes. Le chef d’HTC, Abou Mohammed Al- Joulani porte à présent un uniforme sobre et apparaît même à la télévision américaine en tenue civile.
En 2018, les forces du régime reprennent les deux tiers du pays. “L’Armée nationale syrienne” (un regroupement de différentes factions rebelles), sous la protection de la Turquie, et l’ex-branche syrienne d’Al-Qaïda, renommée Hayat Tahrir Al-Cham (HTC), sont repliées dans le nord- ouest du pays, autour d’Afrin et d’Idlib. En 2019, l’Organisation État islamique est officiellement vaincue par la rébellion kurde et la coalition occidentale.
Des ONG alertent sur la violence meurtrière du régime de ABachar Al-Assad, surnommé le “boucher de Damas”, à l’origine de 90% des victimes du conflit.
Quel est l’avenir de la Syrie ? Une transition démocratique ? L’avènement d’un nouveau pouvoir autoritaire islamiste sous la direction d’HTC ?
Le roman Les passeurs de livres de Daraya – Une bibliothèque secrète en Syrie de Delphine Minoui met en lumière la ville de Daraya, devenue un tombeau à ciel ouvert et un lieu de résistance pacifique. Les derniers insoumis assiégés ont bâti une forteresse de papier pour résister : ils ont déterré des milliers d’ouvrages ensevelis sous les décombres de la ville et les ont rassemblés dans une bibliothèque secrète, sous le sol. Au cœur du chaos, un refuge où la parole circule, contre les atrocités, l’absurde, l’oubli… Un court roman très intéressant et pertinent sur la résistance pacifique en Syrie et la découverte de livres pour certains qui n’ont jamais lu.
