Ciné’Mood – Z DE COSTA-GAVRAS

Par Louise Pairaud, L2 cinéma

Et oui, c’est bien ce film qui était projeté à Paris lors de cette violente attaque de 20 militants d’extrême droite contre l’association d’immigrés qui organisait la projection. Drôle de coïncidence d’avoir choisi Z, qui dénonce exactement ces groupuscules radicaux manipulés par des hauts placés dans la police et l’armée. Drôle de coïncidence que Retailleau n’ait rien à répondre à cette affaire. Son silence est aussi suspect que l’inaction des policiers durant la scène de discours plus que tendue vers le début du film.

Ce film raconte un véritable assassinat politique qui s’est déroulé en Grèce en 1963. Sans entrer dans les détails, retenez seulement quand vous verrez ce film, que ceci n’est pas qu’une simple fiction, et il est dès lors inévitable de lier cette Histoire à celle de Martin Luther King, Kennedy ou Mehdi Ben Barka.

Il raconte les mouvements de jeunesse notamment étudiants contre le fascisme, contre la guerre, contre l’extrême droite et son instrumentalisation des classes populaires sous couvert d’un faux populisme.

Il raconte ce que les médias indépendants dénoncent, encore et encore.

Ici je ne parlerais que très peu de la beauté et la force des plans, ainsi que du rythme rapide sur fond de musique grecque. Yves Montand est le député charismatique et pacifique, et l’actrice grecque Irène Papas, jouant sa femme, est ici pour rappeler au spectateur que ce n’est qu’un homme. Ainsi, c’est grâce au point de vue de cette femme que le film refuse de s’inscrire dans une logique d’idéalisation d’un leader, et observe simplement le mort devenir martyr par et pour les militants de l’opposition. Ce qui compte, c’est la foule, c’est le peuple, c’est l’opinion publique, et l’armée et la police le savent très bien.

Ce film est accessible à tous, assez court, avec de grands acteurs et d’incroyables performances (comme celle de Jean Louis Trintignant). En plus d’être excellent, au-delà d’un simple message militant, il divertit pour mieux alerter de dangers encore actuels.

C’est cette même extrême droite, se revendiquant première combattante pour la liberté d’expression, qui s’attaque à la projection d’un film antifasciste. Aujourd’hui, les mots perdent de leur sens, noyés dans les avis et les opinions, mais le fascisme, c’est la fin des libertés, pour résumer.

C’est pour cela que Z est un film à voir, à montrer, à projeter.

C’était Ciné’Mood, bisou.