Comprendre la dopamine

Synthèse d’épisodes du podcast d’Andrew Huberman

Par Emmanuel Maréchal, 3e année de médecine

La dopamine et les circuits dans lesquels celle-ci est imbriquée sont complexes et encore majoritairement inconnus. Sans entrer toutefois dans les détails, j’aimerais simplement ici rappeler le rôle que joue cette molécule dans notre psychologie ainsi que sa rythmicité au sein de notre système nerveux.

1. Fonctions et rythmicité de la dopamine

Essayons tout d’abord de décrire les changements que peut induire la dopamine sur notre état d’esprit à n’importe quel moment. Contrairement à ce qui est communément admis, la dopamine a bien plus à voir avec la motivation, le désir, l’envie d’accomplir, la perception du temps et la concentration qu’avec le simple plaisir ressenti après un carré de chocolat. Andrew Huberman définit ses propriétés comme ceci : « la dopamine est ce qui colore l’expérience subjective d’une activité pour la rendre plus agréable. Pour faire de celle-ci quelque chose que vous désirez davantage ».

Il me paraît pertinent pour chacun de comprendre le net avantage évolutif que possède cette molécule lorsqu’elle est libérée au sein de notre système nerveux. En effet, comment survivre en tant qu’espèce s’il ne réside au sein d’un organisme aucune envie de s’alimenter, d’explorer ou de se reproduire ? Selon les mots d’Andrew : « la dopamine est la monnaie universelle de la quête et du désir d’objets nécessaires qui apportent du plaisir à court terme et permettent la survie de l’espèce à long terme (nourriture, copains, partenaires)« .

Encore une chose primordiale à retenir, cette fois à propos de son rythme : tout pic de dopamine (produisant donc un net sentiment de motivation) sera nécessairement suivi par un crash, avec un taux final encore plus bas que ce qu’il était initialement. Dernier point important concernant cette substance, ce n’est pas la simple libération en elle-même de dopamine qui induit une motivation chez l’individu mais précisément la différence entre le taux de dopamine « de base » (sur les heures qui précèdent) et le léger pic provoqué par l’action que l’on a décidé de mener.

Ainsi, si vous regardez un film qui vous passionne et vous captive (dopamine) vous ne serez pas motivés pour aller chercher votre cher carré de chocolat. Non pas car l’idée de manger du chocolat ne crée en vous aucun pic de dopamine, mais parce que celui-ci n’est pas suffisamment supérieur au taux initial produit par la lecture de votre film. C’est le delta dopaminergique qui motive pour initier le mouvement.

2. Applications

Essayons maintenant d’appliquer ces connaissances à notre vie quotidienne. Je n’aurai évidemment pas la place d’être exhaustif mais voilà quelques axes à explorer de votre côté. Lorsque l’on « se shoote » avec des pics de dopamine, on ne laisse plus la place aux récompenses de long terme de nous motiver (celles-ci procurant un delta dopaminergique trop faible voire négatif). Nous pouvons appliquer cette réflexion à nos habitudes alimentaires : l’absence de désir pour des aliments complets peut résulter d’une consommation accrue de produits ultra-transformés dopaminergiques. De même, la difficulté à aborder des relations avec un/une/des partenaires sexuels peut résulter d’une utilisation abusive de contenus pornographiques. Le même schéma se répète encore et encore dans de nombreuses sphères de notre vie.