Brutalisme à Malibu ! : La côte atlantique dans toute sa splendeur

Par Père Castor

C’est bientôt l’été ! Pour certains on met de la crème solaire et on se dirige vers les plages pour aller à l’eau, bronzer… Pour d’autres, on recrée un système minier entier d’excavations…

Aujourd’hui, je vous emmène sur la côte Atlantique, sur sa meilleure partie, bien sûr : les 111 kilomètres qui séparent l’estuaire de la Garonne de l’entrée du bassin d’Arcachon. Pour ceux dans le fond qui auraient du mal à se représenter, si on se dit que l’image populaire de l’estuaire girondin est une bouche, cette bande de côte fait du menton jusqu’à la lèvre inférieure. Et pour ceux qui aiment pas mes comparaisons, je vous donne à voir un merveilleux travail de photographe d’une connaissance : https://www.delphine-trentacosta.fr/les-111 (fun fact, une partie de ces photos a été réalisée depuis un avion dont le modèle s’appellepréparez vousle Scub).

© Delphine Trentacosta

Bon, on a presque le décor d’établi. On peut maintenant “débarquer” sur la plage : on essaie d’abord d’esquiver les zones surpeuplées. Pour ce qui est de l’endroit où se tremper… bon je vous fais le topo de base– faites gaffe aux baïnes : ce sont des formations de rivages qui globalement ont pour objectif… ta mort… si t’as pour objectif de juste te baigner. Sinon, ça fait télésiège pour les surfers. J’explique :

– c’est une zone qui possède un fort courant d’arrachement, qui nous tire vers le large. Pour ce qui est de savoir où elles sont, l’eau s’avance bien plus comparé au reste du littoral.

Deuxième indice :
– ça devient profond très vite, on peut n’être qu’à 5/10m du bord et l’eau nous arriverait quand même déjà aux épaules.

Et troisième symptôme :
– les vagues dans une baïne sont stupidement nulles, elles n’ont pas de force ni vraiment de taille (compliqué de compter dessus quand on veut revenir au bord)

Si malgré mes super conseils vous vous trouvez emportés par une baïne, il est conseillé de ne pas directement nager vers le bord mais de contourner la baïne par un côté, puis de viser le rivage.

Route avec vue mer. Vensac Océan. Juin 2021. © Delphine Trentacosta : L’effet mer, focus sur les 111

J’en connais qui n’aiment pas trop l’eau, qui préfèrent peut-être se balader sous un soleil devenu supportable par la brise marine, écouter les mouettes au loin, ramasser du bois flotté…

Par chance, pendant votre balade, vous trouverez peut-être des cabanes de plages brutalistes… Devant vous, se dresse un grisonnant et authentique blockhaus nazi, un Regelbau R600, fier -ou plus tant que ça- membre de l’Atlantikwall (mur de l’Atlantique). Ces maisonnettes, qui pourraient passer pour troglodytes, ont entamé leur existence en mars 1942 quand le Reich commençait à s’inquiéter d’un débarquement allié par les côtes. Si leur état peut laisser à désirer, ils n’étaient pas si proches de l’océan avant l’érosion. C’est cet océan qui, plus tard (voire maintenant), leur coûtera leur hauteur sous plafond et une inclinaison rendant impossible toute partie de billard ! “L’immobilier est en train de sombrer” prend tout son sens.

Pour ce qui est du reste de leur aspect pitoyable actuel, il est dit que par l’obligation de participer à l’effort de guerre allemand, de jeunes français furent forcés à assembler ces citadelles de mauvais goût et comme le dit un article de C-royan.com : “la main d’œuvre n’est pas particulièrement motivée et il arrive que les ouvriers sabotent le travail en ne respectant pas les proportions sable/graviers/ciment de confection du béton. Certains peuvent également transmettre les plans des défenses à la Résistance”.

J’ai dit grisonnant ? ah non non, les artistes locaux se sont entièrement réappropriés ces blockhaus, paysage intriguant que sont ces murs tagués flottants derrière les dunes, anciens représentants d’une France enchainée.

Ces favelas sablonneuses sont désormais laissées à l’abandon, visitables par vous-même ou avec un guide, tel que le gentil monsieur Jean-Pierre Lescorce (à la tête de l’association historique du Nord-Médoc) -si l’intérêt vous prend, joignable au 06 41 88 98 66. Je vous conseille tout de même de découvrir ça de vous-même.

(Par contre, il va pas falloir me demander des comptes si vous tombez du haut du blockhaus. Explorez autant que votre sécurité le permet et tenez-vous en à l’extérieur, l’intérieur est absolument insalubre et souvent couvert de gros bouts de verre pas cool d’individus qui sont allés boire leur Heineken claquée là-dedans.)
Je ne vais quand même pas vous laisser sans au moins illustrer mes propos ;

Victor Julien (Père Castor)
Victor Julien (Père Castor)