Assassinat de Charlie Kirk: Trump dénonce la violence politique tout en la cultivant

Par Loup Folie–Lançon, L3 géographie sociale et politique

C’est un assassinat particulièrement violent qui s’est déroulé hier après-midi au sein de l’université d’Utah Valley à Orem: l’activiste d’extrême droite de 31 ans, en plein débat avec des étudiants dans le cadre de sa tournée American Comeback, est touché d’une balle dans le cou sous les yeux d’une centaine de témoins. Son décès sera officialisé peu après, comme un pied de nez morbide à son attachement particulier au Second Amendement, qui garantit le droit de port d’armes à feu.

Charlie Kirk, Turning Point USA founder, puts on a MAGA hat during the AmericaFest 2024 conference sponsored by conservative group Turning Point in Phoenix, Arizona, U.S. December 19, 2024. REUTERS

Ce fervent partisan de l’administration Trump s’était en quelques années imposé comme le porte-parole des pro-MAGA auprès des jeunes, et n’hésitait pas à aller à leur rencontre lors de meetings dans des campus américains pour défendre ses prises de position pro-armes, anti-contraception, anti-avortement, etc. Ces séquences étaient ensuite diffusées sur les réseaux sociaux et contribuaient à sa popularité auprès des jeunes conservateurs. Il était également à la tête d’une organisation particulièrement présente dans les swing states afin d’influer sur la victoire du milliardaire lors des élections de novembre 2024.

Face à cette nouvelle, Donald Trump s’est empressé de réagir avec un post sur X (ex-Twitter) mais surtout par une vidéo où il dénonce ouvertement, en continuité avec sa rhétorique favorite, ce qu’il appelle “la gauche radicale”, responsable selon lui du climat actuel du pays, alors qu’aucun suspect n’est encore identifié suite à l’attaque. Mais on ne peut que rester inquiets quant au sort de ce pays en proie à une périlleuse escalade de la violence politique depuis bientôt cinq ans. Escalade dont l’actuel président est la cause directe.

En effet, depuis l’invasion du Capitole en janvier 2021, la banalisation de la violence politique américaine franchit à chaque drame de nouveaux sommets. Cette violence que Trump avait vivement salué à l’époque (encore une preuve de son implication directe dans l’état du pays) est la pierre angulaire de l’implantation de ce climat d’insécurité. D’autres attentats touchant des personnalités politiques comme l’assassinat d’une élue démocrate du Minnesota en juin dernier ou encore le meurtre en octobre 2022 du mari de Nancy Pelosi de la Chambre des Représentants ajoutent à cette terreur constante. Dès lors, ce nouvel assaut apporte avec lui son lot d’inquiétudes.

Et maintenant ?
C’est deux débats brûlants qui sont ranimés suite à ce décès. Tout d’abord, celui de la violence politique. Si d’un côté plusieurs spécialistes redoutent des représailles visant directement les élus démocrates, d’autres voient déjà cette attaque comme le prétexte à l’envoi de la garde nationale dans plus de villes afin d’augmenter la répression citoyenne. L’autre débat qui revient sur le devant de la scène est celui du port d’armes à feu. Charlie Kirk avait lui-même clamé que les victimes d’armes à feu étaient nécessaires afin de garantir ce droit. Mais le camp républicain se refuse à ouvrir de nouvelles négociations sur un droit vu comme inaliénable, tout ça dans un pays où le bruit des armes semble avoir remplacé la raison de ses détenteurs.