À la rencontre de radios associatives bordelaises !
Par Fanny Rigoni Bertrand, L3 sociologie
Au cours de mon stage qui aura duré un mois (mai-juin 2025) à la radio la Clé des Ondes, j’ai eu l’opportunité d’interviewé Xavier Ridon, mon tuteur de stage et le directeur de la radio.
« La radio la Clé des Ondes est créée en 1981 par quatre ouvriers syndicalistes qui ont pour ambition de faire entendre des personnes et des musiques que l’on entend nulle part ailleurs. À l’été 81, avec l’arrivée de François Mitterrand à la présidence, un changement s’opère : celui de la libération des ondes. En même temps qu’il va les libérer, Mitterrand les libéralise et accepte assez rapidement qu’il y ait de la publicité pour financer les radios. Une radio comme NRJ, qui était une radio pirate, va devenir une radio commerciale.
La Clé des Ondes, elle, n’a pas varié d’un iota, en 1981 elle dit qu’il n’y aura pas de pub et il n’y en a toujours pas. Elle fait entendre des voix différentes, des personnes qui luttent au quotidien pour les questions sociales, féministes, écologiques, culturelles… Et c’est en ça qu’il y a ce slogan qui perdure depuis, “la radio qui se mouille pour qu’il fasse beau”. Il y a trois types d’émissions à l’antenne : musicales, d’actualité politique/sociale et communautaire. Aujourd’hui à la Clé des Ondes, il y a 150 bénévoles qui font des émissions et trois salariés dont deux journalistes de formation. »
C’est quoi une radio associative ?
XR : C’est un statut juridique mais c’est aussi une manière de pensée. La Clé des Ondes est une association loi 1901, à but non lucratif dans le sens où on doit servir au bien commun. Le but ce n’est pas de faire les choses pour l’argent qu’elles rapportent. L’objectif c’est de servir un bien commun.
Le parcours de Xavier Ridon
XR : Au début, je suis journaliste de formation. En 2012 j’arrive à Bordeaux – je suis de Reims, j’ai fait mon école de journalisme à Tours. À mon arrivée, je rencontre celui qui était alors le président de la radio, Gilbert Hanna, qui souhaitait passer la main à la présidence. On s’était pas mal côtoyé en manif, j’étais venu faire des interviews… À un moment où je commence à rechercher du travail à nouveau, il me propose de devenir le président de la Clé des Ondes. Il me dit aussi que le directeur allait partir à la retraite. Je me tourne plutôt vers la direction qui est un poste payé. À l’époque il n’y qu’un seul salarié, Marc Ducasse qui était un des cofondateurs de la radio et qui part à la retraite. Je prends le poste qu’il occupe, le 1er avril 2017. Moi je me dis que je n’arriverai pas à tenir comme seul salarié à la radio parce que ça veut dire que tu ne croises quasiment personne, tu es seul dans les studios… Aujourd’hui nous sommes trois salariés : moi à la gestion administrative et de temps en temps je fais des émissions journalistiques ; Baptiste à la coordination des bénévoles et des liens avec les événements extérieurs ; et Léa qui s’occupe de tous nos projets éducatifs.
Quels sont les défis actuels pour une radio associative comme La Clé des Ondes, notamment en termes de financement et de diffusion ?
XR : En termes de financement, les radios associatives ont réussi à bénéficier d’un Fond de soutien à l’expression radiophonique (FSER) qui est alloué par le Ministère de la Culture parce que l’on est une radio associative, que l’on produit de l’information locale de proximité. Le reste du budget va être tout un tas de prestation, par exemple que Léa peut faire sur des ateliers éducatifs ou socio-culturels, ça peut être des collectivités locales.
Les difficultés sont liées à un contexte où l’idée est de faire des économies budgétaires. À l’automne 2024, il y a eu une énorme menace de coupe de 30% du budget du FSER qui a pu être évité fort heureusement. Mais on sait que s’ils ont tenté de le couper à un moment, ils pourraient tenter de le refaire.
Doit-on avoir des qualifications spécifiques pour s’engager dans cette radio, et comment s’y engager ?
XR : La principale qualification c’est d’avoir très envie, être curieux, avoir envie de partager quelque chose qui nous tient à cœur. Il y a des gens qui arrivent ici qui n’ont pas de compétences radio mais que l’on va former, l’idée c’est que nous on puisse accompagner les émissions à se former techniquement, se former à prendre la parole et puis à construire une émission. Et nous, tout notre travail c’est d’accompagner des personnes qui voudraient exprimer des choses. Le principe est plutôt simple, on nous écrit via le site internet de la radio, on nous parle d’un projet d’émission, on en discute et puis on voit comment intégrer tout ça à la grille des programmes.
Ce qui nous semble important c’est que ces voix puissent être entendues, y compris sur la bande FM. Le problème de n’être que sur Internet c’est que ça enferme potentiellement dans des bulles de choses qui nous intéressent. L’avantage de la radio c’est que ça permet de toucher au hasard quelqu’un qui est dans les bouchons, un auditeur habitué mais qui ne connaît rien sur cette thématique. Pour que des personnes qui n’avaient pas fait de radio ou très peu puissent trouver ici un lieu d’accueil, un lieu d’expression et un lieu de rencontre. Par exemple, l’émission de métal qui s’est montée a eu une ascension fulgurante et beaucoup de reconnaissance, parce qu’il y a très peu d’émissions de métal et ils se retrouvent à être contacté par d’autres groupes de métal nationaux qui veulent passer dans l’émission. Et je me dis, là en un peu plus d’un an, les chroniques métalliques ont réussi à trouver leurs places sur notre antenne et au-delà.
Je ne peux que inciter les étudiant·es à nous contacter s’ils·elles ont envie de produire des émissions sur les choses qui les intéressent elles et eux avant tout. Je le disais, l’intérêt de la Clé des Ondes c’est son engagement politique mais c’est aussi son engagement dans l’éclectisme. Donc à partir du moment que l’on est étudiant·e, que l’on a une passion et que l’on veut essayer de la transmettre sur un format hebdomadaire, mensuel, sur dix minutes ou une heure et demi, bienvenue !
